Fukuoka diary : Temples
- 6 oct. 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 déc. 2019
Le sol tangue.
Une vague s’écrase contre la vitre, alors que je me demande si prendre un bateau en étant poursuivi par un typhon est réellement une bonne idée. C’est dommage que le ciel gris et la pluie cachent le paysage. J’aime regarder l’horizon.
La traversée se passe dans une atmosphère d’apocalypse, calme, mais menaçante, jusqu’à ce que le navire touche les rives japonaises.
A peine le pied posé à Fukuoka, je me bats avec la pluie d’abord fine, puis torrentielle à mesure que j’avance et… que je me perds. On ne change pas les bonnes habitudes ! Je me rends compte que les pluies coréennes ne sont rien par rapport aux pluies japonaises.
Je marche près de deux heures sous la pluie battante. La nuit s’impose peu à peu à mesure que l’eau s’infiltre dans mes vêtements et dans mon sac. La mauvaise visibilité et la fatigue me font prendre de mauvaises directions. Je me rends compte que je tourne en rond en retrouvant des bâtiments que j’avais déjà dépassés.
A bout, j’appuie mes seize kilos de bagages contre un mur, à l’abris de la pluie, pour étudier plus attentivement le plan. Quand j'arrive enfin à la guest house, je suis accueillie, trempée, par deux quadragénaires. Archétypes de la femme japonaise chic, simple, mais kawaii, elles restent très professionnelles.
Les jours suivants, je me débrouille pour aller visiter un peu la ville et ses alentours entre deux jours pluvieux. Je suis fascinée par les différents temples qu’on peut trouver au Japon. Ils sont tous différents. Grand ou petits. Simples ou très décorés. En pleine ville ou perdus dans la montagne. Ce que j’aime au Japon, ce sont tous ces petits lieux un peu mystérieux et mystiques cachés au milieu des montagnes.
Mon préféré est le temple Nanzoin, à quelques kilomètres de Fukuoka. On y accède par train. Il est à peine visible de la route qui vient de la gare. Il faut traverser les rues désertes du petit village japonais où il se trouve pour franchir les portes du temple. On se retrouve dans une forêt paisible. Toutes les indications sont en japonais, mais il suffit de grimper sans y faire attention. On sait qu’on a touché au but quand la forêt laisse place à une énorme statue de Bouddha. Couché sur le côté, il doit faire près de quarante mètres. Je vous écrirai un article plus en détail sur les temples que j’ai préférés au Japon.
Je ne reste pas très longtemps à Fukuoka. Trois jours après mon arrivée, mes bagages sont bouclés. Le JR pass tout juste en poche, je profite du réseau japonais hyper performant pour tenter de fuir la pluie.
En vain.
De l’autre côté de l’île, le ciel reste gris.
Je visite Miyazaki encombrée par mon backpack que je n’ai pu laisser nulle part. Plus jamais je ne prendrai autant de bagages pour voyager ! A mon retour à la gare principale, je décide donc de laisser mon sac à l’intérieur d’un casier pour partir visiter Aoshima Jingu.
Au bord d’une plage, s’étend un sentier qui mène vers l’étendue sablonneuse d’une minuscule presqu’île. Plus j’avance, plus je distingue les traces de lave séchée qui illustrent le moment où une éruption volcanique a atteint la mer. Je suis les quelques personnes qui marchent sur le sable pour trouver l’entrée du temple. La cour s’ouvre sur une forêt tropicale. Elle serait créée par un microclimat unique dans l’archipel. Il suffit de marcher une cinquantaine de mètres dans le sous-bois pour y découvrir un temple minuscule.
De retour à la gare, je prends le dernier train pour Kagoshima où j’ai réservé un logement. De peur d’arriver en retard pour le check-in, je monte dans un taxi qui… prend tout son temps ! Le vieux monsieur très sympathique ne parle pas un mot d’anglais et ne comprend pas que je dois arriver avant 23h. De fait, nous finissons par arriver à 23h09 devant la guest house. Les réceptionnistes ne sont pas couchés, mais ils refusent de m'accueillir.
Il fait nuit. J’ignore où je vais dormir. Je ne connais personne. Je ne parle pas un mot de japonais.
Épuisée par ma journée, je tente de ne pas me laisser aller à la panique et cherche un logement le plus proche de l’endroit où je me trouve. Je finis donc dans un hôtel qui donne sur le mont Shiroyama avec une chambre qui ne rentre pas vraiment dans mon budget. Pour la première fois depuis presque six mois, je m’endors dans une chambre rien que pour moi.
Le lendemain, je suis en route pour la capitale. Le shinkansen traverse Osaka à vive allure, alors que je pense à cette ville que j’avais apprécié visiter et qui vient d’être détruite par un tremblement de terre et des inondations.
Je suis pleine de nostalgie. Les choses changent. Ce qui existe aujourd’hui ne sera peut-être plus là demain.
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